dimanche 24 février 2013

Junk, ou la descente aux enfers

BURGESS M., Junk, éd. Gallimard, coll "Folio", 2009

      Résumé apéritif

      Junk est l'histoire de plusieurs adolescents, mais en particulier de Nico et Gemma, tous âgés de quatorze ans et tous deux originaires d'un petit village de la côte sud du Royaume-Uni. Le premier est fils d'un professeur qui le bat et d'une mère trop ivre que pour assumer son rôle de mère au foyer. Le seconde, sa petite amie, a des parents tout à fait normaux: la seule chose qui puisse leur être reprochée est qu'il sont peut-être un peu surprotecteurs.
      Un jour, après une énième correction infligée par son père, Nico décide de fuguer. Peu de temps après, Gemma, ne supportant plus ses parents démunis devant sa crise d'adolescence, le rejoint. Ils se retrouvent ainsi enrôlés dans un groupe de jeunes anarchistes squattant des maisons inoccupées et s'adonnant à d'autres activités illicites, telles que la consommation de stupéfiants et autres drogues.
     S'ensuit alors une longue descente aux enfers pour les protagonistes et pour leurs meilleurs amis de l'époque, Lili et Rob, dont certains ne sortiront malheureusement jamais. D'autres parviendront, lentement, difficilement, à remonter la pente, car comme on dit pour garder espoir: une fois qu'on a touché le fond, on ne peut que remonter.

Un livre, trois éditions, une adaptation

            

     Junk a été publié pour la première fois en version française 1998 dans la collection jeunesse de Gallimard, en grand format. Sur la couverture, une sorte de dessin/peinture dans les tons verts et mauve (très à la mode dans les années 90...) représentant une jeune fille en train de se faire un garot et fixant le spectateur droit dans les yeux. Le tout dans un certain flou artistique.
     Ensuite, vu le vif succès remporté par ce livre, Gallimard décide de le publier toujours dans la collection jeunesse mais en version "poche". C'est ainsi qu'il parait en 2002 dans la collection "Scripto", agrémenté d'une nouvelle couverture, sombre et très minimaliste, pas tout à fait adaptée à un jeune public, d'après moi. De plus, l'associations des couleurs n'est pas des plus heureuses, mais reflètent bien l'histoire, qui ne l'est pas non-plus.
      Enfin, en raison du thème abordé, dur, sombre, et pourtant de plus en plus actuel, malheureusement, de nombreux adultes ce sont intéressés à ce récit. C'est pourquoi Gallimard a décidé, en 2009, de le publier également dans la collection pour adultes, toujours en version poche. Ainsi, si on cherche Junk au rayon adulte, on pourra le trouver dans la collection "Folio" avec une couverture plus colorée, plus réaliste, et je dirais même un peu punk. 

       L'histoire inventée par Melvin Burgess a également été adaptée en un feuilleton pour la télévision anglaise, en 1999. Il n'est donc malheureusement pas disponible en version française, mais si vous n'avez pas un trop mauvais niveau en anglais et que vous êtes intéressés, les épisodes sont disponibles sur Youtube.

Mon avis

     J'avoue avoir ouvert ce livre avec des pieds de plomb, malgré l'engouement dont faisaient preuve mes amies qui l'avaient déjà lu.
     Je vous explique pourquoi: ayant commencé la lecture de L'herbe bleue et l'ayant abandonnée après quelques pages seulement car l'histoire ne me parlait pas du tout, je me suis dit "Pfff, celui-là, je vais devoir le lire jusqu'au bout, même si l'histoire ne m'intéresse pas du tout!".
     Et en fin de compte, j'ai été embarquée dès les premières pages par l'histoire de Melvin Burgess! Je pense que le style de l'auteur n'est pas étranger à cet engouement de ma part.     
     En effet, Melvin Burgess écrit de manière très jeune, très vivante. Son écriture est libre et on peut y déceler une grande sincérité. L'auteur n'hésite pas à s'adresser directement au lecteur pour l'intégrer au récit, pour le rendre acteur et non spectateur. Grâce à cela, il touche son public en plein coeur.
    Ainsi, pendant ma lecture, j'ai tour à tour été Gemma, Nico, Lily, Rob ou encore Sally, malgré que ces personnages sont plus jeunes que moi et ont une personnalité et des intérêts totalement opposés aux miens.
    Ce procédé a cet avantage de rendre le récit vivant pour le lecteur, qui se retrouve littéralement aspiré dans l'histoire, qui vit et ressent ce que vivent et ressentent les personnages, mais il a aussi certains revers.
     Le principal d'entre eux est le fait qu'il n'est dès lors pas toujours évident de faire la distinction entre la fiction et la réalité, et de se rendre compte du danger que constituent la drogue et la dépendance sous toute ses formes.
     Pour un lecteur mature, cela ne devrait pas trop poser de problèmes, mais un jeune lecteur, du même âge environ que les protagonistes, pourraient voir dans Junk un tout autre message que celui qu'il veut délivrer et s'intéresser de plus près à l'univers décrit dans ce livre.
     D'ailleurs, si je devais aborder ce livre en classe, je le ferai avec des classes de troisième année, pas avant, et certainement sous forme de cercle de lecture, car cela permettrait d'amener plus facilement et plus souvent le débat et de "surveiller", "guider" la lecture pour amener les jeunes à percevoir le bon message, délivré de manière peut-être trop implicite et ironique que pour permettre une lecture solitaire.
      Malgré tout, Junk reste un très bon livre, poignant et qui ouvre les yeux, à condition d'être lu de manière appropriée.
    

1 commentaire:

  1. "Enfin, en raison du thème abordé, dûr, sombre, et pourtant de plus en plus actuel, malheureusement, de nombreux adultes ce sont intéressés à ce récit." : je pense aussi que cette refonte en édition adulte est due à son succès tout simplement. La collection "Folio" chez Gallimard est prestigieuse...

    Cette lecture est nécessaire, ou en tout cas, le discours qui lui est associé. Et oui : le professeur doit jouer son rôle de médiateur. Il faut oser donner ce genre de texte à des ados, car s'ils ne trouvent pas de discours encadrés sur ces sujets, ils iront en chercher d'autres, dans d'autres lieux peut-être moins bienveillants.

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